liserons mal-aimés

Si je me risque à faire l’éloge du liseron des haies (Convolvulus sepium) c’est que j’aime ses superbes trompettes d’un blanc éclatant qui fleurissent fidèlement, jour après jour, depuis le début de l’été. Pourtant leur existence est de courte durée, chaque fleur ne subsistant qu’une journée, la corolle enroulée sur elle-même se dépliant aux premiers rayons du soleil pour flétrir la nuit venue.

Cette plante est d’une robustesse peu commune, ce qui lui vaut d’être mal-aimée, si ce n’est honnie des jardiniers. En effet ses tiges souterraines sont des rhizomes très ramifiés qui s’entrelacent, formant de véritables forteresses dans le sol, au grand dam des jardiniers. De plus, chaque fragment de ces tiges est capable de donner naissance à un nouveau plant, ce qui explique la tendance du liseron à envahir tout terrain à sa portée.

Mais j’apprécie ces grosses fleurs blanches dont la fragile corolle garde la traces des plis de son enfance. Il faut admirer comment les insectes plongent dans cet entonnoir immaculé pour aller chercher pollen et nectar tout au fond de la cavité. Pour fleurir le liseron a besoin de lumière et de hauteur, je le laisse donc libre de grimper un peu partout, sur les denses touffes de tanaisie, sur le grillage du potager, sur les hampes du fenouil…

Plus terre à terre, le liseron des champs (Convolvulus arvensis) préfère ramper ou grimper sur des plantes basses. Ses fleurs solitaires sont bien plus petites, blanches, légèrement teintées de rose sur les plis des pétales. Les liserons sont aussi des plantes hôtes pour un grand et superbe papillon de nuit, le bien-nommé sphinx du liseron (Agrius convolvuli). Ayons donc un peu d’indulgence pour ces plantes mal-aimées et pourtant si attractives.