Depuis plus d’un siècle, les hauts de Montreux au-dessus du lac Léman sont connus pour leurs prés couverts, en cette saison, d’une infinité de narcisses dont la floraison opulente est appelée « la neige de mai ».
Les anciens du village racontent que chez nous aussi, il y a encore une cinquantaine d’années, les prés étaient, à cette époque, pareillement fleuris, tous blancs de narcisses. Mais le pâturage intensif, les labours fréquents ont eu raison de la neige de mai. Ne restent plus qu’ici et là, quelques ilots épars où ces fleurs persistent. Je vais chaque année en pèlerinage admirer cette floraison spectaculaire.
C’est un spectacle unique : la densité incroyable de ces fleurs d’un blanc pur qui chatoient dans la lumière ; leur odeur capiteuse, enivrante, à nulle autre pareille, qui embaume toute la prairie.
La fleur elle-même est tellement belle ; ses longs pétales, un peu voilés, sont d’un blanc lumineux, immaculé ; ils entourent une espèce de petite couronne dentelée jaune pâle élégamment ourlée de couleur rouge. Je savoure, tous les sens en éveil, cette féérie visuelle et olfactive que nous offre ces coins de nature préservés.