De chaudes journées ensoleillées, des pluies douces, régulières et la végétation explose, se débarrassant de ses derniers carcans hivernaux. Les pionnières printanières, primevères, anémones et jonquilles se fanent doucement et les premières fleurs des prés se dépêchent de s’épanouir avant que les herbes vigoureuses ne s’approprient tout l’espace et la lumière.
Une de mes préférées est la discrète cardamine des prés (Cardamine pratensis) aux frêles fleurs rose tendre. Au début du jardin, seuls deux, trois plants erraient dans la prairie mais depuis elles se sont abondamment ressemées. J’aime leur port gracile. Leurs petites fleurs aux pétales d’un rose pastel forment de petites croix toute simples et une multitude de boutons se succèdent sur la hampe fragile. C’est lorsqu’elles forment de larges colonies que leur présence est du plus bel effet.
Malheureusement de nos jours celles ci sont de plus en plus rares; dans les prairies grasses qu’elles affectionnent, la concurrence est rude et le pissenlit règne en maître.
Lorsque le pissenlit défleurit, ce sont les renoncules qui prennent le relais. Ce sont des plantes vigoureuses aux pétales d’un jaune d’or brillant que presque chaque enfant connaît sous l’appellation de « bouton d’or ». Il y a ainsi plusieurs espèces qui se relayent jusqu’à la fin de l’été mais toutes leurs fleurs arborent ce jaune étincelant. Ce serait une fine couche graisseuse située sous l’épiderme des pétales qui les rend si brillants et d’autant plus attractifs pour tous les pollinisateurs en vadrouille.
Mal aimées des jardiniers parce qu’envahissantes, des agriculteurs parce que toxiques pour le bétail, ces renoncules chatoyantes ont trouvé un havre où s’épanouir dans notre jardin.