Parfois, en novembre, à cette altitude on a de superbes journées ensoleillées avec une lumière tout a fait particulière. Elles sont d’autant plus jouissives que l’on sait qu’en bas, ils sont dans la « peuf », le dense brouillard de plaine. Dans cette lumière, les teintes automnales prennent une intensité singulière. Ici et là, dans le jardin, dans les haies, par petites touches dispersées, c’est une explosion de couleurs. Que ce soit les hêtres centenaires en bordure de la forêt ou l’humble géranium qui flamboie dans une fissure de l’escalier, tous semblent exploser en un dernier embrasement.
Mais pourquoi les plantes nous offrent-elles une pareille symphonie de couleurs avant de s’endormir discrètement pour toute une saison ? Pendant toute l’année le cornouiller sanguin passe parfaitement inaperçu mais, en ce moment, il resplendit en affichant tous les dégradés de couleurs du vert au rouge « sanguin ». Tout comme cette petite euphorbe, d’un vert discret en été, elle présente maintenant sur une seule feuille une véritable palette de peintre.
Toutes ces couleurs sont-elles un dernier baroud d’honneur pour nous faire mieux supporter les longues et grises journées d’hiver qui s’annoncent ?
En fait, une feuille c’est une véritable usine chimique. Grâce à ses pigments de chlorophylle, elle est capable d’absorber les rayons solaires et d’élaborer à partir du dioxyde de carbone (CO2) contenu dans l’air et d’autres éléments, la nourriture de la plante. C’est les pigments de la chlorophylle qui donnent la couleur verte aux feuilles. Lorsque les jours raccourcissent, c’est le signe pour l’usine d’arrêter de travailler ! La production de chlorophylle cesse et dès lors d’autres pigments présents dans les feuilles prennent le relais. Ce sont des pigments jaune-orange (les caroténoïdes) ou des pigments rouges (les anthocyanes) qui prennent le dessus et, selon leur concentration, nous offrent toute la palette des couleurs flamboyantes de l’automne.
Les petits fruits et les baies ne sont pas en reste. Le fusain jette ses éclats rose-bonbon dans la haie. Les églantines brillent comme des bijoux inacessibles dans leur forteresse d’épines et les oiseaux se délectent avec gourmandise de ces joyaux.