De belles journées ensoleillées illuminent encore le jardin même si, dans l’air limpide, vibre déjà la mélancolie des fins de saison. Partout les feuillages perdent leur livrée verte pour revêtir des couleurs automnales alors qu’inexorablement, une à une, les feuilles tombent, virevoltent et se meurent.
Il y a des feuilles qui se recroquevillent, brunes, sèches, faute de n’avoir pu, lors de cet été si sec, se gorger de suffisamment de pluies. Il y en a qui se décolorent lentement, leurs nervures distillant doucement des jaunes pâles qui vont envahir toute la ramure. Et puis il y a celles dont les jaunes éclatants flamboient dans la haie comme un dernier embrasement.
Mais ce sont les feuilles aux teintes rouges qui sont assurément les plus étonnantes ; elles sont presque irréelles tant leur couleur resplendit au milieu de la verdure. Parfois ce n’est qu’une seule feuille écarlate qui brille au milieu d’un arbuste (ici, sur mon aronia); parfois c’est l’arbuste tout entier qui s’embrase (le cornouiller mâle). Et que dire de la palette des rouges ?
Les feuilles de l’humble géranium des bois se sont parées d’une surprenante nuance violine. Le chénopode du potager, d’habitude si discret, arbore maintenant des teintes rose fluo.
Dans la haie, la forêt, les prairies, il y a des rouges orangés, roussâtres, cuivrés comme ceux de la viorne, d’autres plus éclatants, presque vermillons et rutilants. Et puis il y a tous les dégradés de vermeil et de pourpre, teintes plus sobres qui en deviennent presque violettes.
Tout autour de nous, ces gammes de couleurs rouges s’épanouissent comme un signal, une dernière exubérance avant les grisailles de l’hiver.