première neige

Ciel gris et bas ; terre blanche et gelée ; silhouettes sombres … la première neige redessine le jardin comme une vieille photo en noir et blanc, faite de contrastes, de lignes noirâtres et de surfaces immaculées. Les couleurs flamboyantes ont disparues ; ne restent que des camaïeux de teintes brunes, rousses, grisâtres et les dernières nuances vertes qui sombrent.

Le moindre branchage se trouve réduit à sa plus simple expression graphique. La fine couche de neige ivoire souligne toutes les lignes, toutes les courbes des arbustes enchevêtrés. On dirait un tableau que fait parfois exploser dans une poudre de flocons blancs, une petite mésange qui s’enfile dans la forteresse enneigée.

Tout au long de l’année, nous entreposons, dans divers endroits du jardin, des tas de branches qui constituent des abris très prisés pour la faune, grande ou petite. L’hermine, le hérisson, les musaraignes, quelques oiseaux comme le troglodyte et de nombreux insectes y séjournent. Même ces simples tas de bois, que certains nommeraient « déchets », se transforment par la magie hivernale en œuvres tachistes.

Plutôt que de couper, l’automne venu, toutes les herbes sèches comme faire se doit dans un jardin bien entretenu… je garde sciemment les rameaux défleuris et les hampes desséchées qui serviront aussi de refuge hivernal à la faune minuscule. Et admirez le spectacle qu’offrent ces hautes tiges coiffées comme de fières rombières de leur chapeau de neige !

Les grosses fleurs rondes des poireaux portent aussi de comiques couvre-chefs neigeux qui les font se balancer lourdement sur leurs longues tiges. Tout le jardin s’est ainsi métamorphosé … mais est-ce pour quelques heures ? quelques jours ? ou quelques mois ? Seul l’avenir nous le dira…