Il est dans la nature, tout près de chez soi, sous des formes anodines, des phénomènes surprenants dont on ne comprend pas encore très bien tous les tenants et aboutissants.
C’est le cas de cette étrange boule chevelue qui se balance au bout d’une branche de l’églantier (ou d’un rosier). Que fait donc là cette curieuse peluche bariolée ? on dirait un jouet accroché dans les branchages … Mais non, on a beau la scruter sous toutes les coutures cette pelote bizarre fait bel et bien partie de l’églantier ; elle en est une excroissance.
C’est l’œuvre d’une minuscule guêpe (le cynips du rosier) ! Celle-ci a percé la branche de l’églantier pour y pondre ses œufs. On ne sait pas trop bien pourquoi, ni comment, mais toujours est-il que les cellules de la plante réagissent à cette piqûre en se déformant et en créant cette protubérance ébouriffée qui porte le joli nom de « bédégar ». Cette accumulation de tissus végétaux constitue non seulement un abri confortable pour les larves de la petite guêpe mais leurs sert également de nourriture ; une sorte de gîte et couvert où elles pourront grandir en toute sécurité.
Il s’agit d’une forme de parasitisme des plantes qu’on désigne sous le nom commun de « galle » ou scientifique de « cécidie ». Il existe d’innombrables formes de galles, sur un nombre tout aussi important de plantes. De plus, elles présentent des structures très diverses et sont l’œuvre d’insectes tout aussi disparates. Un petit tour au jardin peut nous faire découvrir de nombreux spécimens qui sont parfois d’une beauté stupéfiante.
Voici des galles en forme de pépins d’orange, petites boules translucides qui se dressent sur les feuilles des hêtres. Cette fois c’est un moucheron qui pond dans les nervures des feuilles qui réagissent en fabricant cette espèce de perle cristalline. A l’intérieur, la petite larve se développe puis quand elles sont mûres, les galles tombent au sol et l’insecte y attend le printemps pour éclore.
Il y a aussi des plantes qui sont particulièrement appréciées des insectes gallicoles ; c’est le cas du chêne. Certains d’entre nous ont sûrement joué aux billes avec les galles toutes rondes cueillies sur des feuilles de chêne. Mais cet arbre réussit également à faire des galles de forme complexe ressemblant à un d’artichaut. Comment un insecte arrive t’il à soumettre un végétal à fabriquer de telles structures ? Mystère …
Ce parasitisme particulièrement évolué parait, à première vue, bien désavantageux pour les plantes mais de récentes recherches semblent démontrer qu’en fait, avec de telles réactions, les plantes limitent les insectes en leur imposant des mécanismes de reproduction spécialisés. Cette nature qui nous entoure est donc bien plus complexe et plus étonnante que tout ce que nous en pressentons …