la vie en rose

Depuis des semaines les températures sont exceptionnellement élevées même à notre altitude habituellement épargnée par les journées caniculaires. Plantes, arbres et arbustes souffrent de ces longues périodes sans la moindre pluie et la rare rosée des nuits trop chaudes ne suffit plus à les rafraichir. Pourtant, au jardin, quelques plantes ne semblent nullement incommodées par cette météo torride : ce sont les épilobes et les reines des prés qui se sont installées dans les endroits les plus humides. Les pieds au frais dans les combes et les creux, là où la rare eau s’infiltre en profondeur et s’accumule, elles dressent durant de longues semaines leurs hautes hampes fleuries.

Plusieurs espèces d’épilobes se sont installées spontanément sur nos terres. La plus grande, l’épilobe en épi (epilobium angustifolium), forme de denses massifs roses. Sa hampe florale peut atteindre un mètre de hauteur et ses délicates fleurs d’un rose vif se succèdent de façon ininterrompue de bas en haut. On retrouve alors sur la même tige, les longues capsules de fruit, les fleurs épanouies, celles en formation jusqu’aux boutons terminaux. Ce sont ces mêmes épilobes que l’on rencontre souvent en colonies roses resplendissantes le long des chemins de montagne.

L’épilobe hérissé (epilobium hirsutum) lui se plait sur les rives humides de l’étang. Sa floraison est plus étalée, en petites grappes dont les fleurs d’un rose purpurin se balancent au bout d’un interminable ovaire rougeâtre (ovaire infère pour mes copines botanistes !) Au milieu de cette corolle, de longues étamines blanchâtres et un fin pistil en croix pendouillent allègrement. Il paraît que les abeilles butinant de grandes étendues d’épilobes fournissent un miel cendré d’une texture très fine et qui est très recherché.

Lorsqu’elles sont mûres les longues capsules de fruits éclatent et libèrent une multitude de graines soyeuses qui s’envolent au moindre souffle d’air. Jusqu’à l’automne ces aigrettes blanches, comme de légers flocons immaculés, virevoltent à travers tout le jardin et s’accrochent un peu partout, promesses de prochaines générations.