voltiges colorés

Lorsque nous nous sommes installés ici, dans cette campagne des Préalpes, encore largement agricole, je m’attendais à découvrir une flore et une faune variée. Malheureusement nos superbes prés à vaches n’abritent que peu d’espèces de plantes, presque pas d’oiseaux et très peu d’insectes !

Au fil des années, nous avons planté des dizaines d’arbres, des dizaines d’arbustes, récupéré et semé des centaines de plantes indigènes… et les oiseaux, les insectes sont revenus. C’est avec les papillons, petits étendards colorés virevoltant dans le jardin, que l’on peut mesurer le plus facilement ce retour de la biodiversité. Plus d’une trentaine d’espèces de papillons fréquentent le jardin de jour et je n’ai pas encore répertorié ceux, nombreux, qui le peuplent de nuit.

Les premiers papillons apparaissent dès la fonte des neiges; lorsque les rayons du soleil se mettent à réchauffer doucement l’atmosphère, les hivernants sortent de leur léthargie et volètent de-ci de-là encore tout engourdis. C’est le cas de ce beau papillon orange aux ailes bizarrement découpées, appelé « Robert le diable » (allez savoir pourquoi !) qui a passé tout l’hiver endormi dans une fente de mur, un arbre creux et qui se réchauffe maintenant sur les dernières feuilles mortes.

« La petite tortue » a passé elle aussi l’hiver chez nous, bien protégée dans un arbre creux, le feuillage dense du lierre ou cachée dans une grange. Pourquoi l’appelle t-on « petite tortue »… je n’en sais rien mais son nom latin « aglais urticae » est bien plus parlant. En effet, ce papillon pond ses œufs exclusivement sur des plants d’ortie. Chaque année je trouve sur les orties, que je laisse amoureusement pousser en divers endroits du jardin, des amas de petites chenilles noires qui dévorent voracement les feuilles urticantes. De ce fait, la petite tortue est présente dans notre jardin dès les premiers soleils de février jusqu’aux derniers beaux jours.

Mais de nombreux papillons sont migrateurs et partent dès le début des frimas pour rejoindre des contrées plus clémentes. C’est le cas du « vulcain » qui s’attarde chez nous surtout en automne. Il se déplace alors en groupe et on le voit s’ébattre dans les asters ou les bien nommés « arbres à papillons ». En prévision de ce long voyage, il se gorge aussi de sucres en aspirant le suc des fruits très mûrs, prunes, mirabelles tombés au sol. Après quoi, il s‘envole pour son grand périple vers le sud … et j’espère qu’il reviendra bientôt.