les insignifiantes

Elles sont petites, discrètes et elles fleurissent en ce moment dans nos jardins … dix fois, cent fois, nous passons à coté d’elles sans leur accorder un seul regard. Elles, ce sont ces plantes que j’appelle les « insignifiantes », plantes si usuelles que nous ne les voyons même pas, et pourtant, si on y regarde de plus près, c’est tout un monde insoupçonné qui se livre à nous …

Je vous en présente quelques unes qui fleurissent en ce moment : le lierre terrestre, cette plante rampante que certains tendront à maudire tant elle s’étale sur nos plates-bandes. En plus de la vitalité débordante qu’on lui reproche, elle présente de minuscules fleurs mauves très mellifères que les bourdons adorent. De près, elles ressembleraient presque à des orchidées miniatures avec leur corolle à lèvres violettes tachées de pourpre. Frottez quelques feuilles entre les doigts et une forte odeur mentholée s’en dégage… qui atteste son appartenance à la grande famille des menthes (les lamiacées). De nombreuses utilisations culinaires et médicinales lui sont attribuées.

Juste à coté d’elles, un grand tapis de feuilles et fleurs frêles … tantôt d’un bleu pâle presque blanchâtre, tantôt d’un bleu céruléen, ce sont les véroniques. Qui n’en connaît pas une? Et pourtant, ce n’est pas une seule sorte de véronique qui peuple nos contrées; il en existe plus d’une trentaine d’espèces en Suisse dont une dizaine que l’on peut trouver dans son jardin. En ce moment c’est la véronique petit-chêne qui ponctue la prairie d’un beau bleu profond. Ses fleurs se présentent sous la forme d’une grappe dont la floraison perdure pratiquement toute la belle saison.

Regardez-la de près : ses superbes pétales bleus sont striés de lignes plus foncées qui mènent à un cœur tout blanc. En surgissent, comme des antennes, deux étamines aux extrémités poudrées qui sont les organes mâles de la fleur. Entre elles, pend un long filament rosâtre qui est le pistil c’est à dire l’organe femelle. Et oui, la plupart des fleurs sous nos latitudes sont hermaphrodites, elles possèdent donc les deux sexes qu’elles arborent fièrement dans un seul but : se faire féconder et garantir ainsi leur descendance. Les plantes ont développé tout au long de l’évolution différents stratagèmes pour arriver à cette fin. Ce sont ces innombrables variations qui nous permettent d’admirer autant de formes de fleurs différentes.

La prochaine fois que vous rencontrerez des « insignifiantes », arrêtez vous, regardez les et admirez la grâce de ces fleurs et l’ingéniosité dont elles font preuve pour leur survie … et notre plus grand plaisir !