oiseau métronome

Il y a des oiseaux qui, avec une précision de métronome, nous annoncent les changements de saisons. Le plus familier d’entre eux est assurément le rougequeue noir qui habite un peu partout, depuis l’étage montagnard jusqu’au cœur des villes. Vous en avez sûrement un qui niche près de chez vous !

Chaque année il arrive chez nous, à quelques jours près, toujours à la même date aux environs du 20 mars. Monsieur rougequeue se perche alors sur le faîte du toit et se met à chanter éperdument bien avant l’aube. D’entendre ces premiers trilles matinaux m’émeut chaque fois profondément car c’est comme percevoir le début du printemps. C’est le signe qu’à partir de maintenant tout va s’enchainer très vite ; les arbres vont reverdir, les fleurs éclore et la belle saison s’installer.

Le couple de rougequeues s’en va retrouver sa place habituelle sous les poutres de l’avant-toit pour construire son nid. C’est un ballet incessant des deux partenaires qui quadrillent le jardin à la recherche de brindilles diverses. A tout moment ils se perchent sur la barrière, un poteau ou une branche d’arbre et agitent frénétiquement leur queue, d’ailleurs bien plus rousse que rouge. Le mâle arbore une belle livrée noirâtre alors que la femelle se fait plus discrète avec un plumage gris- brun. Il faut faire vite pour élever une ou deux nichées car les jours cléments sont courts chez nous et la froidure peut à tout moment réduire une couvée à néant.

Une fois les œufs éclos, les parents mènent une activité ininterrompue pour nourrir une marmaille souvent nombreuse. Du matin au soir, ils cherchent et amènent au nid des insectes pour rassasier leur progéniture. Les trilles du matin se font plus discrètes ; mieux vaut ne pas trop attirer l’attention maintenant que toute une famille vous attend. Puis un jour c’est le grand saut …de petites boules duveteuses quittent le nid. Voletant plus mal que bien, les jeunes passent les premiers temps au sol, cachés dans les broussailles. Dès qu’un chat ou un humain s’approche un peu trop près, c’est des cris stridents et les parents essayent toutes sortes de tentatives de diversion. Puis les oisillons s’enhardissent, les vols se font plus assurés et bientôt c’est toute une ribambelle de rougequeues qui nous suivent au jardin.

Tout l’été, ils volètent depuis la haie jusqu’aux poteaux, d’un arbre à un autre ; les trilles matinales résonnent encore sur les faîtes ; on s’habitue à leur présence fidèle. Mais ce matin, en sortant dans le jardin, je ne les ai plus vus ; nos rougequeues sont partis discrètement vers des cieux plus cléments. Leur présence quotidienne va nous manquer mais surtout leur départ annonce l’arrivée des premières journées froides d’automne … et effectivement au lever du jour les montagnes proches étaient saupoudrées de neige fraîche. L’été est terminé !

 

Contrairement à toutes les photographies des autres chroniques, ce n’est pas moi qui ai réalisé les photos de ces rougequeues. Elles sont tirées de l’excellent site www.oiseaux.net (que je vous encourage à consulter) et publiées avec l’accord de leur auteur que je remercie infiniment.