l’étang s’endort

Toute la vie de l’étang s’assoupit : les libellules ont fait un dernier tour de leur royaume avant de disparaître, les minuscules grenouilles de l’année, qui hier encore sautillaient de toutes parts, se sont dispersées dans les hautes herbes à la recherche d’un abri hivernal, seules quelques punaises d’eau strient la surface limpide de leurs mouvements saccadés.

La végétation aquatique se délite doucement et sombre dans les profondeurs de l’étang, formant ainsi une vase protectrice où vont hiverner les générations futures d’insectes divers. Dans la lumière finissante de ces après-midis de novembre, l’étendue d’eau ténébreuse ainsi libérée reflète tous les mouvements du ciel comme un gigantesque miroir.

Sur les rives les roseaux élancés, les robustes laiches, les abondantes graminées flétrissent, se ploient et se brisent dans les bourrasques de ces journées venteuses. Au gré des souffles, leurs ombres et leurs reflets créent d’énigmatiques et changeants spectacles. L’enchevêtrement de ces herbes brisées constitue un fouillis dense et un peu mystérieux, j’imagine des bayous marécageux peuplés d’alligators, des entrelacements de mangroves tropicales…et je rêve au bord de l’étang.

Comme quoi avec un peu d’imagination on peut voyager… même au fin fond de son jardin, une grise journée de novembre !