Un coin du jardin est bordé par la forêt, une toute petite forêt de seulement quelques milliers de mètres carrés mais toujours est-il qu’elle est constituée de très grands et très beaux arbres. Avec les épicéas, ce sont les hêtres qui y règnent en maîtres.
En ces journées de froidure, dépouillés de leurs atours feuillus, les troncs de ces hêtres forment une véritable forteresse grise. Densément plantés, leurs hauts fûts qui s’élancent bien droits vers le ciel ont des allures de piliers de cathédrales.
Avec la neige tombée ces derniers jours, les ramures des hêtres se sont métamorphosées en des dentelles immaculées. Toutes les branches, jusqu’aux plus fines, sont sculptées par cette blancheur poudreuse et ploient sous sa lourde charge. Serait-ce là que se cachent les oiseaux pour dormir ?
Les écorces lisses et cendrées des hêtres luisent dans la délicate lumière hivernale et esquissent aussi des paysages imaginaires fait de multiples taches blanches, noires, grises plus ou moins sombres. Ce sont des lichens qui, comme des éclats de peinture, s’y accrochent pour composer ces décors oniriques. Dans les forêts défeuillées, c’est en cette saison que l’on peut au mieux admirer la magnificence de ces écorces.