On les appelle communément orties rouges, orties jaunes ou orties blanches à cause de la ressemblance trompeuse de leurs feuilles avec celles de l’ortie urticante (Urtica dioica), celle qui pique dès qu’on la touche. Mais ces plantes qui arborent d’étonnantes fleurs rouges, jaunes ou blanches sont des lamiers (Lamium), plus proches parentes des thyms et romarins que des orties.
Leurs fleurs ont des formes tout à fait surprenantes. La corolle forme une espèce d’entonnoir coiffé d’un large casque velu et se termine, vers le bas, par une étroite lèvre. Celle-ci est densément ornée de taches ou de lignes sombres, qui agissent comme un signal visuel pour les butineurs, leur signalant une sorte de piste d’atterrissage.
Seuls certains insectes à longue trompe, comme les bourdons ou des abeilles sauvages sont capables d’atteindre le nectar caché au fond de l’entonnoir. Pour ce faire, ils s’agrippent à la piste d’atterrissage, engouffrent leur corps sous le casque velu pour aspirer ce fameux nectar au fond de la corolle et, au passage, se frottent intensément aux étamines pleines de pollen que celui-ci abrite.
Mission accomplie, ils s‘envolent en déposant au bord de la lèvre de la fleur des messages olfactifs à l’intention de leurs congénères indiquant : « pas la peine de visiter cette fleur, j’ai déjà pris tout ce qu’il y avait à prendre ! » Cela permet au suivant d’éviter de perdre du temps, et de l’énergie, à traiter une fleur sans récompense.
Les lamiers sont des ressources clés pour les hyménoptères. Leur floraison débute très tôt au printemps et s’échelonne jusqu’aux confins de l’hiver. Le lamier pourpre (Lamium purpureum) ainsi nommé à cause de la couleur purpurine de ses feuilles sommitales fleurit au jardin dès que la neige a fondu. Le lamier jaune (Lamium galeobdolon) et le lamier rouge (Lamium maculatum) ont aussi une inflorescence étagée qui dure très longtemps. Toutes ces caractéristiques font que je les dissémine allègrement aux quatre coins du jardin.