Nous habitons un pays d’herbes, de grasses et vertes herbes à vaches. Ces jours-ci, dans les prairies environnantes les faucheuses tracent inlassablement, couchant les herbes hautes, préparant le fourrage pour cet hiver. Les graminées sont à l’apogée de leur floraison, leurs épis sont lourds de pollen qui s’envole en nuages poudrés au moindre souffle d’air…et nos nez sensibles apprécient plus ou moins !
Mais comment ne pas s’extasier devant l’invraisemblable diversité de ces herbes ? Au jardin, loin d’être une masse indistincte de tiges vertes, ces graminées arborent des formes, des structures et des touchers incomparablement variés.
Il y a les herbes vaporeuses, les fins agrostides (Agrostis stolonifera) dont les légères panicules reflètent dès les premières lueurs de l’aube, des nuages de perles de rosée. Il y a les épais et acérés dactyles (Dactylis glomerata) dont les inflorescences pendent, lourdes de pollen; il y a la moelleuse et laineuse houlque (Holcus lanatus) dont les épis légèrement rosés sont d’une extrême douceur, la crételle sévère (Cynosurus cristatus) dont les étamines enfarinées surgissent d’épis en forme de peigne.
La folle avoine (Avenula pubescens) atteint, cette année, des dimensions considérables et ondule au-dessus de toutes les autres graminées alors que le minuscule et discret pâturin (Poa pratensis) colonise chaque interstice entre les pavés. Bref, au jardin, les herbes sont partout, sauf qu’elles y sont bien plus que vertes et grasses et qu’elles témoignent de l’infinie créativité de la nature