En quelques jours la neige a recouvert toute la contrée. Les arbres ont quitté leurs teintes flamboyantes, ne se dressent plus que des silhouettes sombres, parures hivernales sous des ciels grisâtres. Dans cette ambiance blanche et feutrée les houx resplendissent d’autant plus avec leurs feuilles vertes luisantes et leurs fruits insolemment rouges. Lorsque le givre s’amuse à les décorer d’aiguilles délicates, ces petites boules deviennent féériques.
Le gros buisson qui borde la terrasse est couvert de billes écarlates mais cela ne durera guère. Lorsque je m’en approche, les merles s’envolent bruyamment, outrés que j’interrompe leur festin. Si je veux respecter la tradition qui consiste à accrocher quelques rameaux pour Noël, il va falloir que je me dépêche de les récupérer !
La particularité du houx est d’être dioïque, c’est à dire qu’il y a des pieds de houx mâles et des pieds de houx femelles. Notre arbuste femelle est bas et compact, plutôt discret hors fructification alors que son compagnon mâle est un arbre presque aussi haut que la maison, imposant dans sa ramure piquante. Il est lui aussi très apprécié des oiseaux qui se savent pertinemment à l’abri dans cette forteresse épineuse et y narguent tous les chats de passage.
Comme le lierre, les feuilles de houx sont multiformes. Elles peuvent avoir les bords dentelés hérissés de multiples pointes acérées, comme n’arborer que quelques épines fines ou au contraire avoir des bords tout à fait lisses. Si elles sont persistantes en hiver, elles ne se renouvellent pas moins tout au long de l’année. Les pieds nus qui rencontrent les feuilles tombées en été s’en rappellent longtemps !
Les houx ponctuent ainsi notre paysage de leurs silhouettes émeraudes et les petites graines disséminées ici et là par les merles assurent leur pérennité au jardin.