blondes lianes

J’ai longtemps cru que le houblon était une plante cultivée inféodée aux larges plaines du Rhin et destinée à la fabrication d’un breuvage très prisé. Il y a quelques années j’ai eu la surprise de découvrir un plant sauvage au bord de la Mionna, la petite rivière qui parcourt notre vallon. Agrippé aux arbres des rives, ce vigoureux plant de houblon escaladait les aulnes jusqu’à leur cime, les recouvrant de son exubérant feuillage. 

J’ai récupéré un morceau de racine de cette liane volubile et l’ai plantée au jardin devant les tôles rouillées de la vieille cabane. Il faut croire que le houblon se plait à cet endroit car, en deux temps trois mouvements, il a couvert toute la cabane, a débordé sur le toit et s’est lancé à l’assaut du garage voisin. Il forme un imposant et luxuriant rideau de verdure qui attire irrésistiblement la gent ailée. Plusieurs couples d’oiseaux y ont installé leur nid ce printemps et seuls leurs incessants piaillements permettent de les repérer à l’abri de cette forteresse feuillue.  

J’ai eu la chance de tomber sur un pied de houblon femelle et ainsi, en ce début d’automne, toutes les tiges se couvrent d’une ribambelle de petits cônes blonds. Ceux-ci sont formés de nombreuses bractées, des espèces d’écailles pâles qui protègent leurs minuscules fleurs. Celles-ci secrètent à maturité une belle poussière dorée et odorante, le lupulin. C’est ce lupulin aux multiples propriétés qui confère au houblon maints usages, dont la fabrication de la fameuse bière.

Bientôt, lorsque l’hiver sera revenu, que les tiges auront perdu tout leur feuillage, leur étroit entrelacement formera des arabesques du plus bel effet sous les caresses du gel, et constituera une armature robuste pour les repousses de l’année suivante. Ainsi quelle que soit la saison, la vie de, et autour de, ce houblon est un incessant spectacle.