En cette fin d’année, les journées se font grises, froides, maussades ; le jardin semble transi, figé. Les silhouettes dénudées des arbres, les enchevêtrements denses des arbustes, les hautes herbes fanées, tous ont revêtu des teintes sombres, éteintes, hivernales.
Mais lors de nuits particulièrement froides et humides, le jardin se métamorphose. Au petit matin, la moindre brindille, la plus petite branche, tout est recouvert d’une éphémère couche de givre blanchâtre. Le paysage s’est transformé en un palais des glaces où de minuscules cristaux gelés recouvrent chaque surface. Et comble du raffinement, pas un seul de ces cristaux ne se ressemble !
Tantôt ce sont de fines dentelles effilées suspendues aux herbes folles, tantôt de denses amas étoilés accrochés aux dernières feuilles. Parfois le givre s’est déposé comme un léger souffle de verre sur une fleur oubliée ; parfois telle une épaisse gangue glacée, il emprisonne un rameau tout entier.
Si de plus, le soleil a la bonne idée de se montrer ce jour là, c’est à une véritable symphonie scintillante que nous avons droit. De tous côtés, le givre brille, étincelle, ses transparences s’illuminent et miroitent de milles feux ; le spectacle est féérique …mais de courte durée. Déjà les premières gouttes tombent, les cristaux se mettent à fondre et tout cette blancheur givrée disparaît rapidement sous les rayons du soleil. Profitons alors de la pâle lumière hivernale… et peut-être que la nuit prochaine…
