En bas, en plaine, les floraisons printanières, jonquilles, primevères, violettes explosent de partout alors que chez nous en altitude, seuls les bien-nommés perce-neiges et les crocus osent pointer leur nez.
Dès que la neige a fondu, les pointes élancées des crocus percent l’épaisse couche d’herbes desséchées écrasées par les frimas. En quelques jours, les prés se couvrent de colonies de centaines de petites fleurs blanches immaculées.
Elles resplendissent d’autant plus que l’aride paysage environnant porte encore tous les stigmates de l’hiver finissant. Les quelques rares mouches et abeilles déjà réveillées se vautrent avec bonheur dans ces corolles scintillantes, attirées par les promesses des étamines dorées.
Au jardin aussi les crocus ont, en quelques jours, couvert tout le pré du verger mais leurs coloris sont bien plus audacieux que ceux de leurs cousins sauvages. Fleurs d’un violet éclatant, d’un mauve tendre, parfois striées de fines lignes parmes ou alors d’un jaune étincelant, parsèment la prairie flétrie.
Ce sont les premières couleurs au jardin qui annoncent, pour notre plus grand plaisir, le déclin irrémédiable de la saison froide.