Il a suffi de quelques jours pour que toutes les couleurs du paysage se transforment. Le jardin qui jusqu’alors pavoisait d’une multitude de verts, se pare maintenant de toutes les déclinaisons possibles des ors aux pourpres.
Ce phénomène est dû à ces étonnants pigments, les chlorophylles, qui colorent les feuilles en vert mais qui ont besoin de lumière pour fonctionner. Or les jours raccourcissant, la lumière se fait plus diffuse et les chlorophylles s’effacent, laissant la place aux autres pigments colorés qui étaient jusque-là bien cachés.
Le déclin se fait progressivement et tous les arbres n’adoptent pas la même stratégie. Une même feuille peut arborer toutes les teintes, comme ces framboisiers qui, en plus de leur vert originel, dispersent des touches de jaunes, de rouges et de vermeils le long de leurs nervures. D’autres feuilles changent uniformément de nuance mais l’arbre présente toutes les variations du vert au fauve en quelques branches.
Notre vénérable saule procède encore différemment, c’est par petites touches brunâtres sur dégradés de jaune que le déclin de ses feuilles progresse. Rares sont les arbres qui exhibent une seule teinte qu’elle soit d’un jaune puissant ou d’un écarlate ardent.
Mais cette symphonie de couleurs est de courte durée, tout ce flamboiement va inexorablement virer au brun, les feuilles vont tomber. Les arbres dénudés vont alors augurer d’une toute autre tonalité, celle de l’hiver.