paysages immuables ?

Je croyais naïvement que les forêts que j’arpentais, les sentiers que je suivais, les rivières que je longeais, et les haies que j’explorais seraient toujours là, immuables, vibrants au rythme des saisons, mais solidement, inébranlablement ancrés dans mon paysage quotidien. C’était oublier combien cette nature que nous croyons sauvage est, sous nos latitudes, entièrement façonnée par l’homme. C’est toujours lui qui décide…de la densité des forêts, des tracés des sentiers, de la présence des haies. Et cette réalité s’est cruellement imposée à moi ces dernières semaines !

Le ruisseau qui serpente dans le vallon en dessous de notre maison est (était !) bordé de grands arbres, des aulnes majestueux, de timides frênes, de hauts sapins, divers arbustes denses, tout un enchevêtrement végétal qui fait (faisait !) le bonheur de moult espèces animales.

Mais la frénésie de ces dernières froides journées a saisi les agriculteurs voisins. Les bords de rivière ont été ratiboisés ; les longues branches des sapins qui ployaient jusqu’au sol élaguées sans pitié ; plus un arbuste ne subsiste, plus une branche ne dépasse. Alors que les discours officiels s’efforcent de sensibiliser aux rôles vitaux des haies dans le paysage, dans nos campagnes, elles se voient encore toujours largement annihilées.

Au delà de l’incompréhension, il me reste surtout une immense tristesse pour ces paysages familiers, ces haies saccagées, toutes ces précieuses vies végétales irrémédiablement détruites.