marcescence

Au jardin et dans les forêts environnantes, les arbres ont depuis longtemps perdu toutes leurs feuilles et dressent leurs silhouettes dénudées vers les lumineux ciels d’hiver. Sauf qu’il y a, ici et là, quelques plants récalcitrants qui conservent encore et toujours tout leur feuillage. Certes leurs feuilles sont bien sèches et fanées mais elles sont solidement accrochées et forment de denses buissons. L’aspect compact de ces taillis interpelle et, comme moi, vous vous êtes surement déjà demandés pourquoi ces arbres là ne perdent pas leurs feuilles en hiver, comme tous les autres.

C’est un phénomène qui répond au doux nom de « marcescence » et qui ne concerne que certaines espèces d’arbres ; sous nos latitudes plus spécialement les hêtres, les chênes ou les charmes. Même si ce fait n’est pas encore entièrement explicité, il semblerait que ce soient essentiellement les jeunes arbres, dont la zone d’abscission (de rupture) des feuilles ne soit pas encore mature, qui réagissent ainsi.

Habituellement les arbres à feuilles caduques perdent leurs feuilles en automne. Ils réagissent à la réduction de la durée du jour en produisant une hormone qui va former de petits bouchons à la base du pétiole (la tige) de la feuille et ainsi empêcher la sève de l’irriguer. La feuille va alors jaunir, se flétrir puis fragilisée à l’endroit de ce petit bouchon (la zone d’abscission) elle va se détacher au moindre coup de vent et tomber.

Ce bouchon n’existant pas chez les arbres marcescents, les feuilles restent solidement accrochées jusqu’au printemps où la remontée de la sève leur fera lâcher prise. Mais pourquoi cet arbre ci est-il marcescent, alors que tous ses voisins ne le sont pas ? Encore un de ces mystères du règne végétal qu’il nous reste à élucider …