Je les ai découvertes ce matin en allant au potager, elles avaient l’air de somnoler, sagement alignées toutes les trois sur une haute tige de fenouil. C’est chaque fois le même plaisir quand l’un d’entre nous trouve au jardin ces grosses chenilles invraisemblablement bariolées. Elles arrivent habituellement en deux vagues : l’une en début juin qui donnera les superbes papillons d’été et l’autre en août qui passera l’hiver bien cachée sous forme de chrysalide.
Les jeunes chenilles à peine écloses sont difficiles à repérer, noires avec une petite tache blanche en leur milieu, elles ressemblent à s’y méprendre à une fiente d’oiseau. Efficace stratégie de camouflage ?
Puis à force de boulotter fenouils et panais (que je plante d’ailleurs exprès pour elles !) les petites larves noirâtres se transforment en de grosses chenilles dodues à l’allure exotique avec leurs rayures zébrées ponctuées d’orange vif. Un costume aussi voyant se doit de décourager d’éventuels prédateurs et si ceux ci persistent, la chenille dégaine une excroissance fourchue qui exhale une odeur fétide. Paraît qu’on y revient pas !
Lorsqu’elle est enfin repue, la petite bête part à la recherche d’un endroit tranquille où se nymphoser. Une année, elle a choisi les montants de la serre pour passer l’hiver et y a fabriqué et accroché sa chrysalide. Ce qui nous a permis, au printemps suivant, d’assister à l’émergence du superbe papillon qu’elle est devenue, le machaon, l’un de nos plus grands papillons indigènes et assurément l’un des plus impressionnants.
Avec son envergure et ses complexes dessins colorés, voir voltiger ce voilier des airs au dessus des plates-bandes est un véritable hymne à la beauté de la nature.