bouillons blancs

Cette année, au jardin, ils sont gigantesques, leurs robustes épis fleuris me dépassent tous, certains atteignent plus de trois mètres de hauteur. Avec leur forme de cierges ramifiés portant des centaines de fleurs jaune citron, ils sont plus qu’imposants et se repèrent de loin.

J’ai l’impression de les connaître depuis toujours, ces candélabres appelés « bouillons blancs ». Enfants, la voisine nous faisait du sirop de fleurs de « bouillon blanc » et lors que nous toussions notre grand-mère nous faisait boire de la tisane de « bouillon blanc ». C’est donc une plante encore très présente dans la pharmacopée populaire.

Son nom botanique « molène » a quelque chose de moelleux, peut être en référence à ses larges feuilles d’aspect velouté, si douces au toucher. Cette apparence floconneuse est due à une forte densité de poils ramifiés qui créent sur toute la feuille comme une couverture isolante conte les forts rayonnements solaires. La molène affectionne les milieux fortement ensoleillés, c’est une plante habituellement pionnière des friches ouvertes.  

Ses denses poils sont aussi très cassants et irritants, une stratégie anti-herbivore apparemment efficace car rares sont ceux qui osent s’attaquer à son feuillage… sauf une minuscule chenille toute pointillée de jaune et noir, « la cucullie des molènes » qui grignote voracement ce molleton argenté.

Les molènes fleurissent tout au long de l’été et ponctuent le jardin de leurs hautes silhouettes lumineuses. Tôt chaque matin, des dizaines de fleurs s’ouvrent pour une vie éphémère car dès le milieu du jour elles se recroquevillent puis tombent les unes après les autres. Ainsi, aux premiers rayons de soleil, les butineurs accourent pour profiter de ces corolles largement ouvertes. Abeilles sauvages, bourdons dodus, guêpes minuscules, c’est un ballet incessant autour de ces épis fleuris, tous se dépêchent avant que les fleurs ne se fanent. Et moi aussi, je vais aller en récolter quelques unes pour mes tisanes !