plantes oubliées

Autrefois, les habitants des campagnes avaient une connaissance intime des plantes de leur environnement. Outre celles qu’ils cultivaient amoureusement dans leur potager, ils appréciaient les plantes sauvages des talus, des haies ou des bords de forêts. Dès le printemps venu, ils allaient à la cueillette de la fraiche oseille, des orties vitaminées, de l’ail des ours odorant ou de l’aspérule parfumée. Toutes ces « herbes » faisaient des salades bienvenues après le long hiver. L’automne arrivé, le long de ces mêmes haies se ramassaient de nombreux petits fruits aujourd’hui dédaignés.

Parmi ceux ci, j’ai une affection particulière pour un arbuste qui est l’un des premiers au printemps à illuminer la haie de ses milles étoiles jaunes. Alors que partout les branchages sont encore nus, lui se pare d’innombrables grappes de minuscules fleurs dorées. Aux heures où le soleil réchauffe l’atmosphère, l’arbuste est source d’un bourdonnement intense, attirant toutes les abeilles des alentours, avides de ses nectar et pollen frais. Cet arbuste c’est le cornouiller mâle (Cornus mas) que l’on ne rencontre malheureusement plus très souvent dans nos campagnes.

En automne ses fruits ressemblent à de petites olives rougeâtres très âpres de goût. Il faut les laisser mûrir longtemps, devenir presque noires pour qu’elles développent une douce saveur acidulée. A ce moment là, si les merles nous en ont laissées quelques unes, je les récolte et les fait lacto-fermenter assaisonnées comme des olives. Le résultat en est si proche qu’il leur a valu autrefois l’appellation « d’olives du pauvre ». En tout cas, elles nous régalent ainsi tout l’hiver.

Que ce soit en confitures, chutneys ou autres, les recettes qu’inventent aujourd’hui les chefs étoilés donnent une nouvelle dimension aux fruits et plantes oubliés. D’ailleurs, sous l’impulsion de ces mêmes chefs, d’ethnobotanistes ou d’autres égéries, les plantes sauvages sont en train de susciter un surprenant engouement. C’est vrai quelles recèlent de nombreuses vertus… une fois qu’on les connaît…alors allons à leur rencontre !