lys martagon

Il est de notre enfance des images, des odeurs et des sons qui nous poursuivent. Dans mes souvenirs les escapades à la découverte de la flore alpine tiennent une place particulière. Monter jusqu’aux derniers névés pour trouver des soldanelles, suivre les combes humides à la recherche des sabots de Vénus ou grimper les pentes escarpées pour découvrir les lys martagons. C’était à qui trouverait le premier la haute hampe fleurie de ces plantes majestueuses.

Ainsi lorsqu’au marché du jardin botanique j’ai vu des potées de lys martagons, je n’ai pas hésité une seconde…trois plants ont rejoint le jardin et ils ont mis quelques temps à s’acclimater. Les premières années leur dense feuillage en coupe étoilée apparaissait dès le début du printemps mais de fleurs point ! Puis l’année dernière deux petits boutons densément laineux sont apparus et deux petites fleurs et cette fois ci c’est le grand jeu : trois hautes hampes avec chacune plus d’une dizaine de fleurs se dressent dans la verdure.

J’aime bien le nom allemand de ce lys, « Türkenbund », qui signifie littéralement « turban de turc ». Ce nom fait référence à la forme typique de ses pétales, qui élégamment enroulés vers l’arrière, rappellent effectivement ce couvre-chef. Les fleurs sont d’un rose violacé, un peu vieillot, ponctué de mouchetures pourpres plus ou moins denses. Les longues étamines qui pendouillent hors de la corolle lui confèrent un petit air de saltimbanque.

L’accumulation de petits points foncés à l’extrémité des pétales balise l’accès au nectar pour les insectes et papillons à longue trompe. Il semblerait également que le parfum émis soit plus prononcé le soir ce qui attire les papillons de nuit qui sont souvent dotés de cet attribut. C’est donc une plante pour le plaisir des yeux et des butineurs !

Comme cette montagnarde originale aime les sols riches et humides, elle est à l’aise dans notre jardin; je vais la ressemer abondamment…cependant il lui faut huit années avant de fleurir…alors patience, patience !