elles sont de retour

Chaque année c’est la même attente impatiente puis le même plaisir enfantin lorsque nous découvrons la première grenouille plongeant dans l’étang. C’est le signe indiscutable que le printemps est en marche, que les beaux jours arrivent…

Elles ne sont d’abord que quelques unes à s’ébattre entre les potamots mais bientôt toute la surface de l’étang sera perturbée par leurs ébats; ça frétille, ça sautille, ça plonge de tous les côtés. Dès que les rayons de soleil atteignent les bords de l’eau, elles se mettent non pas à coasser comme on pourrait s’y attendre de la part de grenouilles … non, elles vrombissent !

Elles, ce sont les grenouilles rousses (Rana temporaria). Elles ne sont non pas vertes, comme les grenouilles des contes ; elles arborent toutes les nuances de brun, du plus foncé et terne au plus clair presque doré, avec de belles taches et rayures sur tout le corps.

La première année de l’étang, elles n’étaient que quelques unes à avoir trouvé le chemin de l’eau mais vu la quantité phénoménale d’oeufs qu’elles produisent (800 à 2500 oeufs par femelle), leur nombre augmente chaque année. Cette année, c’est plus d’une centaine de petites têtes qui émergent de partout à la surface de l’eau. A l’affût avec leurs gros yeux et leur gorge blanche, on dirait de petits crocodiles qui flottent entre les plantes aquatiques.

Elles vont rester une quinzaine de jours dans l’eau, le temps d’intenses ébats amoureux puis un beau matin … plus rien, plus une seule grenouille. Un signal mystérieux leur a signifié la fin des amours et leur a fait quitter l’étang. Ce qui est absolument remarquable, c’est qu’elles sont toutes parties en même temps, la même nuit pour retrouver leur vie terrestre… mais comment font-elles pour savoir que le moment est arrivé de regagner les forêts des alentours ?

Elles auront laissé dernière elles des millions de petites billes gélatineuses qui donneront bientôt des têtards frétillants dont nous suivrons le développement avec attention.