Ce sont les premières à fleurir au jardin. Elles pointent, petites flèches élancées, à travers les dernières plaques de neige, pressées de déployer leurs légères clochettes immaculées. Elles, ce sont les bien-nommées perce-neiges (Galanthus nivalis) que presque tout le monde connaît.
Mais elles ont des cousines, les nivéoles (Leucojum vernum), dont les clochettes sont un peu plus larges et se terminent par une ravissante pointe citronnée. Les nivéoles sont moins courantes mais leur floraison annonce que l’hiver est définitivement derrière nous. Il peut bien y avoir encore d’autres crachées de neige, quelques giboulées de mars, on sent bien que tout vibre d’une énergie printanière contenue.
Le chant des merles et des rouges-gorges résonne dès les premières lueurs de l’aube ; le milan royal de retour plane langoureusement devant nos fenêtres ; les premiers paquets d’oeufs de grenouilles rousses flottaient ce matin dans l’étang et le pré s’est couvert de milliers de clochettes de perce-neiges.
Pour voir de grandes étendues de nivéoles, il me faut aller plus loin au bord de la rivière où subsistent quelques anciennes colonies que la situation abrupte des berges a protégé de la destruction. En ces premières journées de douceur, je leur rends ma visite annuelle pour vérifier qu’elles sont encore toujours présentes. En effet leur visibilité est de courte durée, dès que leur floraison est achevée, les feuilles jaunissent et toute la plante se recroqueville sous terre, dans son bulbe, pour préparer l’année suivante. Et il n’y aura plus ni nivéoles, ni perce-neiges jusqu’à l’hiver prochain !