dodus et velus

Pas un avion ne traverse l’immensité bleutée, il n’y a presque plus d’échos de voitures dans le paysage, même les tracteurs se font discrets…ce silence inhabituel laisse plus de place à foule de petits bruits rendus inaudibles dans le tumulte du monde.

Ainsi en est-il des trajectoires vrombissantes de ces peluches miniatures et ailées que sont les bourdons. Leur identification étant complexe, je ne me risquerais pas à les nommer mais ils ont tous en commun un corps trapu et velu et se déplacent d’un vol lourd et bruyant.

La peluche que l’on rencontre le plus souvent dans nos jardins est un bourdon dodu à la fourrure noire bardée de larges stries jaunes et arborant un gros « cul blanc ». Il se déplace bruyamment d’une fleur à l’autre, zigzaguant entre les pétales. Les plus petites ploient sous le fardeau et si leur corolle est trop étroite pour laisser passer le butineur, il la perfore d’un coup de mandibule pour accéder directement au nectar. Ces fleurs fracturées servent ensuite à de nombreux autres insectes qui utilisent ce raccourci pour atteindre leur nourriture.

Chez les bourdons, la diversité de costume est de mise. Certains ont le corps noir et un derrière de couleur orangée alors que d’autres ont une fourrure orangée sur le thorax et un cul noir. Puis il y a ceux avec un derrière finement rayé de blanc, ceux aux rayures multicolores, ceux à tête jaune et ceux à tête blanche.

Au jardin on les voit s’activer du matin au soir, quelle que soit la météo. Ils ne craignent pas les petits matins froids ni humides comme nos abeilles domestiques et sont de ce fait des pollinisateurs efficaces et essentiels pour la biodiversité. Mais comme nombre d’insectes, leur population a fortement régressé et leur déclin est mondial.

Et puis il y a aussi des petits farceurs, des mouches, des scarabées dodus et poilus qui se déguisent en bourdons pour intimider leurs prédateurs. Voici l’un d’eux, ce scarabée (Trichie fasciée) aux élytres vivement rayés et au thorax bien poilu qui se goinfre dans une fleur (Renouée bistorte) au bord de l’étang…et pourtant guetté par plus petit que lui ?