Chaque fin d’été je suis émerveillée par la folle diversité que le règne végétal a élaborée pour assurer la dispersion de ses graines. Non seulement les plantes développent d’ingénieux stratagèmes pour garantir la survie de l’espèce mais leurs fruits sont souvent d’une grande beauté.
Ainsi en est-il de la carotte sauvage (Daucus carota). En été, ses inflorescences sont de larges ombelles blanches très prisées des insectes. Comme pour toutes les ombellifères, l’identification de ses fleurs est souvent difficile pour le novice, cependant ses fruits sont à nuls autres pareils.
En effet dès la fin de la floraison et l’apparition des graines, l’ombelle se replie sur elle-même prenant une forme caractéristique de boule compacte surnommée « nid d’oiseau ». D’abord vert rosâtre, de forme ovale hérissées de rudes aiguillons, les graines brunissent au fur et à mesure. On trouve souvent sur le même plant les différentes étapes de maturation des graines.
Mais ces nids d’oiseaux ont encore une autre particularité, c’est qu’ils réagissent aux variations d’humidité. Lorsque l’air est humide ils se replient fortement sur eux-mêmes pour protéger les graines et lorsque l’air est sec, ils se déplient largement pour permettre aux graines de se détacher et de se disperser.
La dispersion des graines se fait donc de façon discontinue et étalée dans le temps, ce qui fait que ces robustes ombelles desséchées jalonnent le jardin parfois jusqu’à la fin de l’hiver. Cette forte variabilité augmente les chances des graines de carotte sauvage de s’adapter à des milieux de vie toujours plus changeants. Pour mon plus grand plaisir, la carotte sauvage prospère au jardin.