vies de souches

Maintenant qu’arbres et arbustes ont perdu leur feuillage, on repère aisément dans les sous-bois les souches et les bois morts qui passent habituellement inaperçus dans la végétation estivale. Je m’émerveille à chaque découverte de ces reliquats d’arbres coupés, de bois tombés, tant ils forment une incroyable diversité de microhabitats hébergeant une infinité de plantes, mousses, champignons, lichens ainsi que la faune inféodée. 

Très souvent ce sont les mousses les premières colonisatrices qui, profitant du substrat humide et nutritif des bois en décomposition, s’y étalent en une luxuriante moquette verte. Celle-ci sert alors de support aux opportunistes comme le lierre ou les fougères qui s’y agrippent.

Il n’est pas rare que quelques graines de plantes germent dans ces endroits privilégiés. Les conifères, comme ces jeunes épicéas, profitent de cette position surélevée pour accéder plus facilement à la lumière et croitre en bénéficiant de l’humus de la souche en fin de vie.

Sont aussi en première ligne sur les bois morts, les champignons lignivores, les bien-nommés « mangeurs de bois », ces super-décomposeurs capables de transformer la cellulose et la lignine du bois en éléments nutritifs pour une cohorte de bénéficiaires. Eux aussi sont d’une remarquable diversité de formes et de couleurs.

D’ordinaire c’est en armada qu’ils s’attaquent au bois mort. Que ce soient ces frêles chapeaux blanchâtres sur pied, ces agglomérats d’écailles rugueuses ou ces compactes grosseurs grises, tous en colonisant et dégradant les souches préparent le substrat pour la vie à venir.

Ces souches m’émeuvent, au-delà de leur indéniable rôle dans le maintien d‘une certaine biodiversité, en signifiant les inéluctables cycles du vivant, la renaissance de la vie à partir de la mort.